Histoire et sites remarquables
LES ORIGINES
La commune tire son patronyme d’un envahisseur romain, Gaudius ou Ciacum, établi au bord de l’Ouanne, et des nonnes installées au cœur même du village.
LA FIN DU PREMIER MILLENAIRE
La paroisse de GY, dédiée à saint Sulpice, évêque de Bourges, existe déjà à la fin du VIIe siècle, avec son église et un petit établissement religieux. Ce lieu de prière va soudainement connaître une certaine notoriété avec l’arrivée de Rothilde, l’une des filles de Charlemagne. Née en 790, elle devient d’abord abbesse de Faremoutiers-en-Brie, près de Meaux. En 814, à la mort de l’empereur, c’est son fils Louis le Pieux (ou le Débonnaire) qui lui succède. Vers 816 celui-ci attribue à Rothilde, sa demi-sœur, les terres de Gy, destinées à accueillir un monastère bénédictin créé à partir de la petite communauté existante.
En 841, le roi Lothaire Ier, le fils de Louis le Débonnaire, confirme la donation faite par son père à sa tante Rothilde. L’établissement de Gy est ensuite rattaché à l’abbaye de Faremoutiers ; tous les deux sont placés sous l’autorité et le gouvernement d’une seule abbesse.
En 842, Bertrade, la nièce de Charles le Chauve, devient abbesse de Faremoutiers et donc de Gy. Rothilde termine sa vie dans le monastère qu’elle a créé. Elle décède en 852 à l’âge de 62 ans.
En 961 Renard Ier, le comte de Sens, s’empare de Château-Renard et fait subir au monastère de sérieux dommages.
LE DEBUT DU DEUXIEME MILLENAIRE
Au cours du XIe siècle, l’abbaye de Faremoutiers, comme celle de Gy, tombe dans le “stupre et la luxure“. Les moines de Molesme remettent de l’ordre et le monastère recouvre sa dignité.
Le XIIe siècle correspond à une phase de travaux de reconstruction et de restauration, portant à la fois sur la chapelle Saint-Fiacre de l’abbaye et sur l’église Saint-Sulpice. L’apogée des Dames de Gy se situe précisément à cette époque, entre 1090 et 1230. Les religieuses sont alors vêtues de blanc et soumises à un « carême perpétuel ».
Elles dorment dans le même dortoir et toutes savent lire.
Parallèlement, cette période du Moyen Âge voit la naissance d’une multitude de petits fiefs.
Le XIVe siècle correspond à une période de prospérité pour le village et pour l’établissement religieux de Gy. L’abbesse, Marguerite de Chevry, bénéficie d’une attention bienveillante de la part de Philippe le Bel. En décembre 1310, le roi, venu avec sa cour rendre visite à Mahaut d’Artois à Château-Renard, est reçu au monastère.
En 1312, il donne aux Dames de Gy, l’autorisation de créer un marché hebdomadaire et deux foires annuelles.
Le village a un niveau de population jamais atteint depuis cette date. En 1340 il compte 1075 habitants.
C’est de cette époque que date un rempart, de forme carré, enserrant non seulement le monastère et le village, mais aussi l’église paroissiale.
DE LA GUERRE DE CENT ANS AUX GUERRES DE RELIGION
L’épidémie de peste noire en 1349 fait de nombreuses victimes.
Pendant la guerre de Cent Ans, au cours de l’hiver 1358-1359, les troupes anglaises de Robert Knowles traversent l’Ouanne au pont de Gy et au pont Gazin, dévastant tout sur leur passage. Pour échapper aux raids meurtriers, la population du village, comme celle de Saint–Germain, se réfugie à Château-Renard, suivie des religieuses qui y possèdent une maison.
A la fin de l’été 1421, les troupes du roi d’Angleterre Henri V de Lancastre ravagent une partie du Gâtinais et notamment la région située au sud de l’Ouanne. Mais le bourg de Gy, un peu à l’écart, est relativement épargné. Cependant le château du Souchet est détruit ; seule subsiste une tour. Le prieuré de Montigny situé à Saint Sébastien est anéanti.
En 1429 Jeanne d’Arc va passer à deux reprises à Gy-Les-Nonains traversant l’Ouanne à chaque fois au gué du Buisson, devenu plus tard le gué de la Pucelle.
Cent ans plus tard, à la veille des guerres de Religion, les bénédictines obtiennent l’autorisation de fortifier leur abbaye, avec la mise en place de hautes murailles destinées à assurer leur protection en cas d’intrusion des huguenots, placés sous l’autorité de l’amiral de Coligny. Peu touchés au début du conflit, le village et le monastère sont atteints de plein fouet lors du passage de l’armée protestante allemande au printemps 1576 ; cinq des douze tours sont endommagées et la muraille est détruite.
LES TEMPS MODERNES
En 1752, l’archevêque de Sens décide de réunir l’abbaye de Gy et celle de Faremoutiers, la maison mère. L’établissement monastique de Gy ferme définitivement, 900 ans après la mort de sa fondatrice. Le mobilier de la chapelle est vendu aux Bénédictines de Montargis, propriétaires du château du Donjon à Triguères, qui transfèrent le retable dans l’église paroissiale.
En 1769 le monastère est vendu à Claude Mithon de Genouilly, le propriétaire du château de Changy, ce qui permettra au domaine d’échapper au sort funeste souvent réservé aux édifices religieux lors de la Révolution.
Gy-Les-Nonains ne compte plus que 435 habitants en 1793.
L’EPOQUE CONTEMPORAINE
La première moitié du XIXe siècle semble correspondre à une relative prospérité. La population est remontée à 726 habitants. Vingt plus tard en 1872, elle atteindra même 794 habitants.
A la fin du XIXe siècle, il existe deux écoles : une école laïque de garçons, près de l’église, et une école religieuse de filles, située à l’autre extrémité du village, dans des bâtiments qui abritent aujourd’hui la mairie. A partir de 1902 une bataille ouverte, qui durera quatre ans, opposera les partisans des deux camps. L’abbé Emile Cottance va jouer un rôle déterminant dans ce conflit et influer très fortement sur la vie locale.
DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE A AUJOURD’HUI
La Grande Guerre fera 31 morts parmi les habitants de la commune.
Les rivalités entre cléricaux et anticléricaux se poursuivent jusqu’en 1930 avec d’un côté l’abbé Cottance et de l’autre l’instituteur, Jean Marlin, et le maire Marcel Moreau.
Elu en 1925, celui-ci est le plus jeune maire du Loiret et premier maire ouvrier. Constamment réélu jusqu’en 1971, il est à l’origine de nombreux travaux communaux.
Aujourd’hui encore les tours et les imposantes murailles de l’ancien monastère, rappellent le riche passé du village. Mème si la plupart des commerces ont fermé, la commune reste vivante et accueillante. Grâce à la proximité du bassin d’emploi de la région montargoise, de nouveaux villageois sont venus s’y installer. La courbe démographique s’est inversée et Gy-les-Nonains compte aujourd’hui 635 habitants.
*Extraits du livre “LES VILLAGES des environs de CHATEAU-RENARD“ de Claude Martin et Alain Romilly disponible au Royal, tabac-presse, place de la République à Château-Renard.
Dès l’an 700, Gy possède une église de style roman, placée sous le patronage de saint Sulpice, archvevêque de Bourges au début du VIIe siècle. Construite dans la prairie, en bordure d’un bras canalisé de la rivière servant de bief au moulin du bourg, elle souffre d’une humidité permanente et d’un enfoncement séculaire.
Elle est reconstruite vers 1137. Sans doute endommagée pendant les guerres de Religion, elle est restaurée à la fin du XVIe siècle et prend sensiblement l’aspect extérieur d’aujourd’hui.
L’ensemble de l’édifice, qui dégage une impression de puissance, affecte la forme d’un rectangle au chevet plat. Dans l’angle sud-ouest, se trouve un clocher massif légèrement en saillie. L’accès principal se fait par une porte romane située à l’ouest. Un énorme pilier à huit faces principales, profondément nervuré, supporte le poids de la haute tour romane.
L’intérieur de l’église se compose d’un collatéral au sud, dédié à saint Laurent, et d’une nef principale comprenant quatre travées, la dernière constituant le chœur, de style rhénan. Celui-ci est délimité de part et d’autre par neuf stalles du XVIIe siècle, provenant de l’ancien monastère bénédictin. Il n’y a pas de transept.
En 1870, les voûtes sont restaurées, à l’aide d’une subvention obtenue grâce à l’intervention de l’amiral Charles Rigault de Genouilly, alors ministre de la marine et des colonies de Napoléon III, qui n’a pas oublié ses années d’enfance passées au château de Changy. Certaines clés de voûte sont ornées des blasons des personnages qui ont marqué l’histoire de ce château et de la paroisse. Celui de l’amiral occupe une place de choix au dessus du chœur. L’église contient les sépultures des seigneurs de Changy, notamment celles des membres de la famille de Courtenay.
Les vitraux présentent une grande homogénéité. Réalisés entre 1877 et 1893 par l’atelier Lorin, de Chartres, ils racontent en cinq étapes les dix siècles de l’histoire du village et de son monastère, depuis sa fondation vers l’an 816, jusqu’à la visite de Mgr Dupanloup en 1863.
Séparée du village par un bras de rivière, l’église domine aujourd’hui le lavoir municipal, construit ostensiblement par la municipalité républicaine au début du XXe siècle pour la masquer aux yeux des habitants.
Plusieurs éléments sont classés : les fonds baptismaux et la cloche rerstaurée en 2016. L’église elle-même est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1925.
*Texte du livre “LES VILLAGES des environs de CHATEAU-RENARD“ de Claude Martin et Alain Romilly disponible au Royal Tabac-Presse place de la République à Château-Renard.
LES ORIGINES DU FIEF
Situé au bord de l’Ouanne, cet élégant château niché dans un parc de plusieurs hectares, orné d’essences d’arbres exceptionnelles, est construit sur les bases d’une forteresse ancienne, dont seule subsiste une tour ronde datant de la fin du XIIe siècle.
C’est en 1090 qu’apparaît pour la première fois dans des écrits une famille seigneuriale de Gy. Certains avancent l’idée de deux lieux de vie, Le Haut Changy construit sur les hauteurs, et le Bas Changy bâti en contrebas, sur le bord de la rivière.
Pendant la guerre de Cent Ans, au cours de l’hiver 1358-1359, les troupes anglaises de Robert Knowles ravagent la région. Il est donc peu probable que le fief de Changy ait pu échapper au massacre. Même si le château est détruit, la seigneurie ne disparaît pas pour autant.
En 1384, apparaît la famille des Barres, avec un certain Guairin des Barres, écuyer et seigneur de Changy, première mention de cette nature. Son arrière petite-fille, Marguerite des Barres épouse Louis Charnier, seigneur de Chêne-Arnoult, également écuyer. Le couple aura une fille, Denise Charnier, connue sous le nom de « dame de Changy », qui épouse Pierre de Courtenay en 1478.
LA FAMILLE DE COURTENAY
Avec l’arrivée de Pierre de Courtenay, le fief de Changy passe aux mains de l’une des branches de cette famille prestigieuse, celle des seigneurs du Chesne et de Changy. Celle-ci va régner sur le domaine pendant près de deux siècles de 1478 à 1674. Plusieurs de ses membres sont inhumés dans le chœur de l’église ce Gy et leurs sépultures sont toujours visibles aujourd’hui.
C’est également cette famille qui est l’origine de la reconstruction du château. Seule la tour de l’angle nord est plus ancienne ; elle constitue certainement le seul vestige de l’époque féodale. Le pavillon situé côté sud date sans doute de 1770.
La mort de Joseph de Courtenay, en 1674, met fin au règne de deux siècles de cette famille sur le domaine. Il passe alors aux mains de Louise-Marie de Courtenay qui a épousé Charles Le Coigneux, conseiller du roi.
En 1728, Louis Le Coigneux, le fils de Charles Le Coigneux et de Louise-Marie de Courtenay vend les terres de Changy et diverses autres propriétés à Jean-Baptiste Leprévost-Duquesnel, commandant de vaisseau de la marine royale, ouvrant ainsi une ère nouvelle, celle de l’aventure et des colonies lointaines.
LE TEMPS DES MARINS
Né en 1685, Jean-Baptiste Leprévost-Duquesnel est issu d’une famille noble d’officiers de marine. Il épouse Margueritte Girault du Poyet, la fille du gouverneur de la Guadeloupe. Souvent en mer la gestion de son domaine est surtout l’affaire de son épouse.
Après sa mort, en 1774, loin de sa terre gâtinaise, sa veuve, restée à Changy, lui survivra jusqu’en 1780
Née en 1730, leur fille Françoise-Margueritte hérite du domaine et épouse, en l’église de Gy, son cousin Claude Mithon de Genouilly qui partagera sa vie entre le Gâtinais et le Nouveau Monde. Son père possède à Saint-Domingue une vaste exploitation de canne à sucre, « l’habitation Mithon ».
Souvent absent, Claude Mithon de Genouilly délègue la gestion du domaine à son épouse.
En 1769, il achète la seigneurie de Gy aux dames de l’abbaye royale de Faremoutiers, le monastère de Gy étant fermé depuis 1752.
De retour à la vie civile, il se retire sur ses terres de Gy, d’où il gère les biens qu’il détient à la fois en France et aux Antilles. Il tire en effet l’essentiel de ses revenus de l’exploitation de canne à sucre héritée de son père. Mais la rébellion des esclaves noirs, en 1781, lui fait perdre une grande partie de sa fortune.
Avec la Révolution, sa qualité de noble le rend suspect. Arrêté en 1794, il doit sa libération à une pétition des habitants de Gy, maire en tête.
N’ayant pas d’héritiers directs, il adopte en 1796 ses deux nièces Adélaïde Caroline et Adélaïde Gabrielle O’Lary. Il meurt en 1801 et ses filles adoptives héritent d’une grande partie de ses biens, notamment de la sucrerie de Saint-Domingue et des bâtiments de l’ancien monastère de Gy. En revanche le domaine de Changy reste la propriété de sa veuve. Celle-ci décède chez elle en 1810. Ses neveux et nièces, les Legardeur de Repentigny, héritent du château.
LE TEMPS DES INCERTITUDES
Entre 1818 et 1826, les deux filles adoptives de Claude Mithon vendent leurs propriétés de Gy, le monastère en 1818, le moulin de Gy en 1819, le reste en 1826.
En 1822, le château quitte définitivement cette lignée de marins. Au cours des trois décennies suivantes plusieurs familles vont se succéder.
LA FAMILLE DE TRIQUETI
En 1852 le baron Eugène de Triqueti rachète le château aux enchères à la succession endettée du propriétaire précédent. Il est déjà propriétaire des châteaux du Perthuis à Conflans- sur- Loing, de celui de Varennes entre Amilly et Saint-Germain-des-Prés et de nombreux autres biens. Important propriétaire terrien, il sera maire de Conflans pendant 35 ans ; dès lors, le château de Changy va retrouver une certaine stabilité.
Les trois châteaux sont occupés par les membres de la famille. Celui de Changy est loué moyennant un loyer symbolique à l’un de ses neveux, Arthur-Robert de Garempel.
Eugène de Triqueti décède en 1866, sans descendants. Sa veuve devient usufruitière, mais son testament désigne sa nièce, Blanche de Triqueti, comme légataire universelle. Celle-ci épouse en 1868, en secondes noces, Edward Lee Childe, un universitaire américain.
A la mort de sa tante en 1883, elle se retrouve à la tête d’un vaste domaine comprenant notamment les trois châteaux. Blanche Lee Childe décède peu après en 1886 et laisse ses biens à son mari.
LE CHÂTEAU DE CHANGY AU XXe SIECLE
Edward Lee Childe vend le château de Changy en 1893 à Alfred Chollet. Plusieurs familles se succèderont ensuite jusqu’à la famille Miranda. L’épouse d’Enrico Polo Miranda officier d’aviation italien, Gisèle Lombard-Mauroy, née en 1911, autrice de plusieurs recueils de poésie, qui lui ont valu de nombreuses récompenses littéraires, vivra à Changy pendant plus d’un demi-siècle, de 1950, dans le luxe, jusqu’à sa mort en 2004, dans un réel dénuement.
Devenu vétuste, le château est rénové au début des années 2000.
*Extraits du livre “ LES VILLAGES des environs de CHÂTEAU-RENARD “ de Claude Martin et Alain Romilly disponible au Royal, Tabac-Presse, place de la République à Château-Renard.